L’épilation, un sujet très épineux qui divise !

Fleurs qui dépassent de la culotte
Ces dernières années, nous avons assisté à une guerre contre les poils, avec la promotion de l’épilation comme étant plus hygiénique et esthétique. Les industriels et publicitaires ont saisi l’opportunité pour développer tout un business autour de ce phénomène, proposant une multitude de produits comme les rasoirs à plusieurs lames, les cires, les mousses à raser, les appareils électriques, les épilateurs à lumière pulsée, la décoloration, et même le vibromasseur-rasoir (un produit surprenant, mais bien réel ! Si si !). Cette tendance représente un vrai marché, avec des ventes qui s’envolent particulièrement en été.  

L'épilation en quelques chiffres

  • 0,2% : L’évolution en valeur du marché des dépilatoires, à 103,4 M€, CAM au 8 janvier 2022, sur un an
  • 3,2% : Son évolution en volume, à 18,2 millions d’unités
  • + 3,2% : L’évolution en valeur du marché des rasoirs féminins, à 53,8 M €, CAM au 1er janvier 2022, sur un an

Un marché qui ne connait pas la crise

L’épilation fait partie de la mise en beauté des corps et pour cela le marché ne connait pas la crise. Tandis que les femmes s’épilent (les aisselles, la moustache, les jambes, le maillot, les avant-bras, les sourcils, les doigts de pieds…), les hommes eux aussi ont été rattrapés par cette mode.

Ce qui était symbole de virilité n’est plus qu’un lointain souvenir. A l’heure où la métrosexualité est de rigueur, les torses et les parties génitales sont aussi lisses que du verre poli. Cette préférence pour l’épilation intégrale s’appelle l’acomoclitisme. A l’inverse, la barbe serait plutôt à la mode (cherchez l’erreur).

Ne regrettons pas l’époque de la deuxième moitié du 20ème siècle (oui dit de cette manière, cela donne la sensation qu’il s’agit d’une époque très lointaine) où les poils étaient encore considérés comme tout à fait naturels.

Pour les nouvelles générations ce n’est visiblement pas si naturel…Un jour un jeune homme de 20 ans m’a confié qu’il était très amoureux d’une jeune femme, mais qu’il ne pourrait jamais lui faire l’amour car il savait qu’elle ne s’épilait pas le sexe. Je suis tombée des nues. Je lui ai répondu que ce n’était pas une fin en soi et qu’il ne s’imaginait pas le pouvoir que les poils avaient sur le désir sexuel. Il m’a répondu que pour lui c’était inimaginable. Je me suis dit qu’il changerait d’avis avec le temps.

La dictature de l’épilation intégrale, qui fait que certains n’imaginent pas faire l’amour à une femme avec une jolie toison pubienne, est peut être un phénomène de mode, qui passera.

Les poils, une arme que notre corps nous offre

D’abord, ce qu’il faut tout de même savoir, c’est que raser ou épiler crée une irritation et une inflammation des follicules ce qui cause de multiples blessures microscopiques. Ensuite, les poils pubiens font barrière aux bactéries, aux saletés qui pourraient entrer dans le vagin.

Enfin, ils retiennent l’odeur des sécrétions naturelles du sexe et lorsque tout est bien net, ces sécrétions risquent de perdre l’une de leur fonction principale : celui de baume sexuel déclenchant l’excitation chez un partenaire.

Pour celles et ceux qui ont décidés de rester poilus on va retrouver des styles de rasages et taillages de poils plutôt sympa comme :

  • l’épilation du maillot : on taille les côtés de telle sorte que rien ne dépasse du maillot de bain ;
  • l’épilation « ticket de métro » (ou passe Navigo c’est à vous de voir…) ;
  • l’épilation à la brésilienne.

À noter : Les chinois, eux, ont inventé une paire de collants poilus… pour les femmes victimes de harceleurs dans la rue… C’est sûr ça rebute mais pourquoi pas !

J’ai voulu savoir ce qu’en pensait Stéphane Rose auteur de « Défense du poil – Contre la dictature de l’épilation intime » , aux éditions La Musardine.

Les poils du mont de Vénus en violet, ça te tente ?

Non. Je n’en ai jamais vus mais la simple idée me donne envie de fuir en courant. Ce que j’aime dans les poils qui entourent le sexe de la femme, c’est ce qu’ils impliquent d’expression et de revendication naturelle du corps. Les teindre, c’est comme les tailler en petit triangle bien dessiné, en ticket de métro ou autre titre d’épilation proprette qui vise à domestiquer quelque chose qui relève du sauvage, de l’indomptable.

En matière de chatte, j’ai toujours préféré me promener dans les énigmatiques sous-bois broussailleux que dans les prévisibles jardins à l’anglaise. L’épilation maitrisée, c’est l’épilation rassurante, et je n’ai pas peur des chattes.

Le comble de l’horreur à mes yeux, c’est cette offre que j’avais vue dans un institut de beauté à l’époque où j’enquêtais pour Défense du poil : des pochoirs d’épilation en forme de cœur que l’on teint ensuite en rose. Si mon amoureuse me fait ce coup là un jour, je pense qu’on n’aura plus de sexualité pendant un ou deux ans et qu’il me faudra avaler trois brouettes de Viagra avant de pouvoir revenir aux affaires. A la limite, je préfère une épilation intégrale, qui a au moins le mérite de l’obscénité érotique. Un sexe de  femme domestiqué, ça relève de l’obscénité tout court.

Le sexe d’une femme en quelques mots pour toi ?

Le sexe d’une femme pour moi, dans l’ordre croissant de son exploration, c’est d’abord les poils, qui ont ce pouvoir extraordinaire d’étendre la géographie du sexe : elle ne se limite alors plus aux lèvres, au clitoris et à l’orifice mais va bien au-delà : la zone pubienne, éventuellement prolongée jusqu’au nombril par une petite cheminée de poils, l’intérieur des cuisses, l’anus… Un territoire plus grand pour des réjouissances plus grandes (et plus variées).

Une fois cette barrière hautement fantasmatique franchie, le sexe dévoile sa partie charnue (à ne pas négliger non plus, car elle revendique autant de l’identité du corps que les poils), et en fin de course, l’intérieur. Sans poils, c’est excitant, mais c’est une excitation directe, frontale, pornographique.

Avec poils, l’excitation est plus fantasmatique, et donc érotique : le chemin n’est pas balisé, il faut se perdre un peu avant de le trouver (c’est pour ça que je n’aime pas le ticket de métro, il me fait l’impression d’une flèche qui indique l’endroit de la pénétration et c’est bon, merci, je n’ai pas besoin de plan).

J’aime une femme qui s’épile intégralement, et laisse ensuite repousser ses poils sans y toucher : ils dessinent alors la zone du sexe comme un grisé au crayon, qu’ils investissent ensuite à mesure que les poils repoussent, pour attendre de nouveau cet état originel, naturel et éminemment féminin (le poil n’est pas une affaire de genre, et tous ceux qui pensent ça se sont gentiment fait arnaquer).

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