Mère à 40 ans : elles témoignent
« Je ne m'estime pas différente d'une mère de 30 ans »
Virginie, 44 ans, mère de Léopold, 7 mois
J'avais tiré un trait sur la maternité, privilégiant ma carrière et ma vie de célibataire. Ma surprise fut totale quand j'ai découvert que j'étais enceinte. Mais je l'ai tout de suite pris comme un cadeau du ciel. Sans aucune appréhension par rapport à mon âge. Cadre de santé hospitalier, j'ai un travail fatigant, je suis souvent debout. Je me reposais dès que possible et veillais à manger sainement.
J'évitais la voiture, les sorties, l'alcool évidemment. Et j'ai travaillé jusqu'au bout. Je redoublais même d'énergie. J'ai pratiqué l'amniocentèse : à 40 ans passés, il y a des risques non négligeables de malformations. J’ai fait très attention après l'examen, pour éviter une fausse couche : Netflix et canapé pendant trois jours.
Aujourd’hui, tout se passe très bien. Je ne m'estime pas différente d'une mère de 30 ans. En revanche, j'ai l'impression d'avoir profité de la vie : j'ai beaucoup voyagé, j'ai la carrière que je voulais... Je suis prête à me poser, pour donner à Léopold tout ce que je peux. Je n'ai pas l'impression de faire de sacrifices.
Je me projette dans l’avenir bien sûr, me disant que je ne serais pas toute jeune pour aborder l'entrée au CP, par exemple. Et, surtout, j'ai dû renoncer à l'idée d'avoir un deuxième enfant c'est mon plus grand regret dans cette maternité tardive !
« La maternité à 40 ans, je trouve que c'est idéal »
Amélie, 41 ans, mère d'Oscar, 2 ans
Ce n'est pas mon âge qui m'a poussée à avoir mon premier enfant. C'est Guillaume, mon mari. J'ai demandé un an de réflexion après notre mariage. J'avais besoin de mûrir psychologiquement ce projet.
Un enfant, ça représentait un frein à ma vie personnelle, moins de voyages, de sorties... Je ne voulais pas rejeter une frustration sur mon bébé. Et puis j'ai accepté. Quinze jours après, j'étais enceinte. Une chance incroyable.
J'ai très bien vécu ma grossesse, sans stress, j’ai juste été extrêmement fatigué les derniers mois. C'est à ce moment-là que j'ai ressenti l'âge de mon corps. Quand Oscar est né, j'ai profité de lui au maximum. J'avais bien vécu avant et je n'ai ressenti aucun sacrifice à rester à ses côtés.
Je bénéficie de plusieurs atouts que je n'aurais pas eu à 30 ans. J'ai ma société, et je gère mes horaires comme je l'entends. Ma situation financière me permet d'employer une personne à domicile pour garder Oscar et s'occuper de la maison. Sans parler de la patience ! Je savoure chaque seconde avec Oscar. Des mères, plus jeunes, s'angoissent pour que leur enfant marche, parle, compte... Moi, Je laisse faire les choses. La maternité à 40 ans, je trouve que c'est idéal.
Aujourd’hui, j'attends un deuxième enfant. C'est mon mari qui se focalise sur mon âge, pas moi. J’ai accepté, pour qu'Oscar ait un frère ou une sœur. Mais cette fois, j'ai des douleurs au ventre à cause de kystes : l'inconvénient d'une grossesse tardive ! Je ne cherche pas à calculer quel âge j'aurais pour les dix ans d'Oscar, par exemple. Je ne veux pas savoir. II paraît qu'un enfant, ça rajeunit. Ça va m'obliger à faire encore plus attention à moi !
« La question de mon âge ne s'est pas posée »
Ana, 43 ans, mère de Léa, Lola, Tom (8 ans), Max et et Emma (9 mois) Zoé (4 ans)
Quand nous avons voulu avoir un autre enfant, la question de mon âge ne s'est pas posée. Comme pour les précédentes grossesses, j'ai bénéficié d'une assistance médicale à la procréation (AMP) : une fécondation in vitro (Fiv). Si cette technique est remboursée jusqu'à 43 ans, c'est que cette démarche était tout à fait sensée à mon âge !
Je remarque de plus en plus de mamans dans mon cas. Les mentalités évoluent : les grossesses surviennent plus tard, surtout dans les grandes villes. Ça peut tout à fait devenir la norme de demain. Si j'avais 47 ans, ça me paraîtrait aberrant et pourtant, quand j'y pense, je n'en suis pas si loin.
Pourtant, mon âge ne me préoccupe pas plus que ça. Bien je ressens un certain décalage avec les autres mamans : nous n'avons par exemple pas les mêmes centres d'intérêts. Quand je les entends parler entre elles de leur chanteur fétiche comme Orelsan ou Slimane, je prends conscience qu'une génération nous sépare !
Après 40 ans, l'aide à la procréation ne résout pas tout
La grossesse, pas de souci ou presque. Reste à la démarrer. Ne tardez pas trop... Pour que tout se passe au mieux, une grossesse tardive doit être surveillée. Plus une femme entre tardivement dans la grossesse, plus elle présente des risques d'hypertension, de diabète et d'accouchement prématuré (le taux de prématurité passe de 6 % à 16 % après 40 ans). Ces difficultés sont aujourd’hui identifiées et surveillées dès le début de la grossesse. Il est souvent nécessaire de suivre un régime alimentaire et d'adapter son travail en conséquence.
Quant aux risques de malformation, l'amniocentèse permet de dépister une éventuelle trisomie 21 (le taux étant de 1 % après 40 ans). Certes, les statistiques montrent des risques majorés, mais ils restent faibles. En revanche, le plus difficile après 40 ans est de tomber enceinte !
La fertilité des femmes décline fortement à partir de 35 ans. Si, quand la femme a 30 ans, un couple a 75 % de chances de concevoir un bébé au bout d'une année, ce taux chute à 44 % après 40 ans. Cette attente est souvent mal vécue, surtout s'il s'agit d'un premier enfant. Ces femmes ont attendu le moment "idéal" et sont dans l'urgence.
Un seul moyen requis : une vie sexuelle efficace. Des couples s’étonnent de ne pas avoir d'enfant alors qu'ils ont peu de relations sexuelles : à cause de déplacements professionnels, du manque de temps... Si l'on veut un enfant après 40 ans, il faut avoir plusieurs rapports par semaine.
Si vous n'êtes pas enceinte au bout de six mois, consultez un médecin pour un bilan de fertilité. Beaucoup de femmes s’imaginent que l’assistance médicale à la procréation (AMP) va tout résoudre. C’est faux ! L'AMP est surtout une solution pour des problèmes de fertilité présents antérieurement.
Les traitements actuels reposent sur : la stimulation ovarienne, pour les femmes qui n'ovulent pas ou qui manquent de follicules (structure de l'ovaire contenant l'ovocyte, gamète féminin du futur embryon) ; l'insémination artificielle en cas d'anomalie du sperme ; et la fécondation in vitro, qui met en contact les ovocytes de la femme et les spermatozoïdes de l’homme pour obtenir un embryon, qui sera transféré dans l'utérus.
Or, lorsque l'âge de la femme augmente, son stock d'ovocytes diminue en nombre et en qualité rendant ces techniques moins efficaces, voire impossibles. Malgré des bilans de fertilité qui restent corrects, les chances de grossesse par AMP sont de 15 % à 38-40 ans et proches de 5 % au-delà de 41 ans. Si la limite d’âge pour le remboursement d'une IVP est fixée à 43 ans, c’est avant tout au vu des résultats, proches de zéro à cet âge.
La presse people montre des stars qui mettent au monde des enfants de plus en plus tardivement. Mais ces grossesses sont parfois rendues possibles grâce à un don d'ovocyte. Une démarche difficile en France, où les Cécos (Centres d'études et de conservation des œufs et du sperme) enregistrent moins de 1500 dons d'ovocytes par an, contre 3000 couples demandeurs.
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