Entre imagination et réalité : l'enfant et le mensonge
« Mon père, il est le chef de la police. Si t'es pas gentil avec moi, il viendra te mettre en prison ». Une phrase couramment entendue dans la bouche des petits de trois-quatre ans. Rarement vraie ! Doit-on la considérer, pour autant, comme un mensonge de la part de l'enfant qui la prononce ?
Mentir implique de faire la différence entre vrai et faux, réel et imaginaire. Une distinction que ne fait pas du tout le petit enfant. Pour lui, ce qu'il dit a le don de se transformer magiquement en vérité.
D'ailleurs, n'en est-il pas ainsi quand l'enfant joue ? Sans bouger de sa chambre, la petite fille emmène sa poupée faire des courses, puis au jardin ou chez le médecin. Le petit garçon, quant à lui, a des accents de bon Samaritain et se transforme facilement en Zorro ou Spiderman pour sauver de pauvres victimes (sa petite sœur, ses jouets, etc.).
Cette fabulation du jeune enfant est normale. Elle fait partie de son développement psychomoteur. Et si les paroles prononcées par l'enfant sont fausses, elles sont, malgré tout, empruntées à une certaine réalité. Dans exemple du petit garçon hâbleur, son père n'est pas policier ; cependant c'est bien le policier qui arrête ceux qui sont coupables d'un méfait... comme ce vilain petit camarade qu'il mettait en garde.
Jusqu'à l'âge de quatre ans également, l'enfant pense que peiner sa maman est plus grave que de mentir. Par conséquent, lorsqu'il fait une bêtise, afin que sa mère ne soit pas triste, il préfère souvent lui dire qu'il n'est pas responsable.
Pour l’enfant, mentir peut être pratique !
Lorsque l'enfant atteint l'âge de raison (soit vers 6 ou 7 ans), il comprend très bien la signification du mot mensonge. (Certains enfants en saisissent le sens bien avant si les parents le lui ont expliqué... à l'occasion d'un mensonge, par exemple.)
À cet âge, il s'en sert dans un but utilitaire. Mentir lui permet, par exemple, d'éviter une punition, de vous cacher une mauvaise note, de se vanter auprès de ses copains, etc.
Heureusement, peu d'enfants mentent régulièrement. Certains ont plus souvent recours que d'autres au mensonge.
À noter : Un faible niveau intellectuel facilite le recours au mensonge, en guise de compensation.
Dites-lui toute la vérité, rien que la vérité
A tout âge, l'enfant reproduit ce que vous, ses parents, faites. Petit, le garçon répare son camion, comme vous, son père, votre voiture. La petite fille se maquille pour faire comme maman.
En grandissant, l'enfant ne vous imite plus dans ses jeux, mais dans ses paroles, ses actes. Vous représentez pour lui le modèle parfait. Faites un effort, essayez de vous comporter comme tel !
Il est important que vous lui montriez le bon exemple. Lui dire toujours la vérité - parfois mise à sa portée selon son âge et la situation - est le moyen d'obtenir sa confiance. Fort de ce sentiment de sécurité, il sera beaucoup moins tenté de vous tromper. Expliquez-lui aussi qu'être honnête en disant toujours la vérité, c'est d'abord se respecter soi-même, avant même de respecter les autres. C'est n'avoir rien à se reprocher.
Ce n'est possible que dans un contexte où l’enfant se sent pleinement rassuré. Votre attitude en dépend. Un dialogue, une explication sont souvent beaucoup plus profitables que des cris ou une punition. Il faut qu'il puisse vous annoncer une mauvaise note ou une "colle" collective, par exemple, sans avoir peur d'être grondé. Ce qui ne signifie pas que vous soyez indifférent et que vous l'acceptiez sans rien dire. Mais une sévérité trop rigoureuse risque de rendre l'enfant sournois, par peur de ses parents.
Comment un enfant peut-il être intègre si ses parents ne le sont pas ?
Difficile de faire confiance quand maman annonce une visite de routine chez le pédiatre et qu'elle se termine par un vaccin ! Annoncer une mauvaise note après avoir eu l'assurance d'en discuter ensemble et, finalement, se faire gronder.
Ou de faire répondre au téléphone à ses enfants que l'on est absent pour le moment... Oserez-vous dire que vous n'avez jamais été l'auteur d'une de ces actions ? Peu de parents peuvent s'en féliciter, et pourtant ils n'avaient pas l'impression de mentir... Rares sont les "enfants menteurs". Ceux-là ont parfois besoin d'une prise en charge psychologique.
Les autres sont souvent des anxieux. Ils mentent par peur de représailles des parents, parfois trop sévères ou ne sachant pas communiquer avec leur enfant. Une éducation basée sur la confiance réciproque évite, en général, ce genre de désagréments.
"La petite souris" et le "père Noël" sont-ils des mensonges ?
De tradition populaire, ces histoires sont connues de tous les enfants. Comme les récits qui commencent par "Il était une fois", le père Noël et la petite souris font partie des histoires magiques, de celles dont les enfants rêvent. Ils savent que l'histoire de Cendrillon, de Blanche Neige ou de Barbe Bleue que vous leur racontez, chaque soir avant de dormir, n'existe pas, mais ils l'apprécient.
Plus ou moins tard, il faudra qu'il en soit de même avec le père Noël et la petite souris. Cette vérité que vous leur annoncerez sera facilement acceptée par vos enfants s'ils savent qu'ils percevront toujours un cadeau. Mais elle peut aussi être Vécue comme un leurre si c'est un petit copain de classe qui la révèle à votre place.
C'est pourquoi la différer trop longtemps ne serait-il pas une part d'égoïsme de votre part, voulant retrouver à travers votre bambin la magie de votre enfance perdue ?
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