La grossesse gémellaire : tout savoir

Femme Enceinte De Jumeaux
De futurs parents peuvent être surpris d’apprendre qu’ils ne s’apprêtent pas à accueillir un seul bébé, mais bien deux. Certes, l’organisation logistique va être un peu différente, et il va falloir adapter le trousseau et la chambre à l’arrivée de ces deux enfants. Pour la future maman, c’est aussi tout le déroulement de sa grossesse qui s’en trouve bousculé. Car une grossesse gémellaire implique obligatoirement un suivi spécifique.

La grossesse gémellaire : qu'est-ce que c'est ?

On parle de grossesse gémellaire lorsqu'une future maman porte deux embryons jumeaux – autrement dit : deux bébés.

On distingue 2 cas de grossesse gémellaire :

  • Lorsque deux ovules sont fécondés par un spermatozoïde chacun, et qu'ils se logent côte à côte dans l'utérus, donnant naissance à de "faux jumeaux" (ou "jumeaux dizygotes") : deux enfants pouvant être de même sexe ou de sexe opposé, et qui se ressembleront comme des frères et sœurs nés de deux grossesses différentes ;
  • Lorsqu'un ovule est fécondé par un spermatozoïde et qu'il se divise en deux, donnant naissance à de "vrais jumeaux" (ou "jumeaux monozygotes) : deux enfants de même sexe qui se ressembleront beaucoup puisqu'ils partagent le même patrimoine génétique.

Comment survient la grossesse gémellaire ?

On entend fréquemment dire que les grossesses gémellaires sont liées à des facteurs génétiques. En réalité, il s'agit d'une affirmation empirique. D'un point de vue scientifique, le phénomène de division de l'ovule fécondé, donnant naissance à des jumeaux monozygotes, est encore mal connu.

Dans le cas de "faux jumeaux", en revanche, le rôle de l'hérédité est prouvé. On sait que la polyovulation (le fait d'avoir plusieurs ovules par cycle) est un caractère transmis génétiquement.

Les cas de grossesse gémellaire tendent à être de plus en plus répandus. Cela s'explique principalement par deux facteurs qui les favorisent. Tout d'abord, les cas de grossesses tardives augmentent. Or, au-delà de 35 ans, le phénomène de polyovulation est plus fréquent. Ensuite, le recours aux traitements contre la stérilité est de plus en plus courant. Stimulation ovarienne et grossesses médicalement assistées favorisent la multiplication des embryons.

Grossesse gémellaire : quels sont les différents types de gémellité ?

Il est courant de distinguer les "faux jumeaux" des "vrais". Or, pour que la future maman bénéficie d'un suivi adapté, il est surtout important de distinguer une grossesse bichoriale d'une grossesse monochoriale.

Les "faux jumeaux"  : la grossesse bichoriale

Les grossesses gémellaires dizygotes constituent les 2/3 des grossesses gémellaires. Rappelons qu'il s'agit de deux ovules fécondés chacun par un spermatozoïde différent. Deux foetus vont se développer côte à côte, chacun possédant sa membrane et son placenta. C'est la raison pour laquelle on parle de grossesse bichoriale (soit 2 placentas) et biamniotique (soit 2 poches amniotiques).

Les "vrais jumeaux" : la grossesse monochoriale ou bichoriale

Dans le cas d'une grossesse monozygote, un seul ovule est fécondé et il se divise en deux. La date de ce clivage est déterminante pour la suite :

  • Si la division se produit avant le 4ème jour, il s'agira d'une grossesse bichoriale et bi-amniotique : 2 placentas et 2 poches amniotiques ;
  • Si la division se produit entre le 4ème jour et le 8ème jour, il s'agira d'une grossesse monochoriale et bi-amniotique : 1 seul placenta pour les deux foetus et 2 poches amniotiques ;
  • Si la division se produit entre 8ème jour et le 13ème jour, il s'agira d'une grossesse monochoriale et mono-amniotique : 1 seul placenta et 1 seule poche amniotique pour les deux fœtus.

Il est à noter que dans de très rares cas (1 sur 90 000), la division de l'oeuf peut se produire au-delà du 13ème jour. On parle alors de jumeaux conjoints, ou jumeau siamois.

Un suivi particulier

Dans le cas d'une grossesse gémellaire, la première échographie se révèle déterminante. C'est cet examen qui permet d'établir s'il s'agit d'une grossesse bichoriale ou monochoriale, et de déterminer le suivi le plus approprié.

Le suivi des grossesses gémellaires bichoriales

Dans le cas d'une grossesse gémellaire bichoriale, les principaux risques se révèlent être un retard de croissance intra-utérin pour le fœtus, et un accouchement prématuré. Les échographies sont donc plus fréquentes : une par mois, contre une par trimestre lors d'une grossesse classique. L'échographie s'accompagne d'un doppler foetal.

Il s'agit de contrôler la taille et le poids des foetus, et de surveiller la longueur du col de l'utérus. Ces examens sont susceptibles d'être rapprochés si l'un des foetus affiche un retard de croissance intra-utérin (RCIU).

Si la grossesse se déroule bien, l'accouchement est programmé entre la 38ème et la 40ème semaine d'aménorrhée.

Le suivi des grossesses gémellaires monochoriales

Les grossesses monochoriales sont des grossesses à très hauts risques, tout particulièrement lorsqu'il s'agit d'une grossesse monochoriale et mono-amniotique. Assez rares, ces grossesses entrainent des complications dans 30% des cas : malformation, accouchement prématuré, RCIU, mort in utéro...

Une grossesse monochoriale et mono-amniotique peut aussi entrainer une complication spécifique : le syndrome transfuseur-transfusé (STT), un trouble lié au déséquilibre au niveau des échanges sanguins.

Afin de limiter les risques au maximum, et d'intervenir à temps en cas de problème, le suivi de ce type de grossesse est donc très strict.

La future maman est généralement orientée vers une maternité de niveau 3 (spécialisée dans le suivi des grossesses à très haut risque). Une échographie sera effectuée deux fois par mois, afin de procéder à un examen morphologique et de vérifier la croissante des fœtus, et d'observer la longueur du col de l'utérus. Le médecin surveillera aussi l'apparition éventuelle d'un STT, qui nécessite une intervention chirurgicale rapide.

Si la grossesse se déroule bien, l'accouchement sera déclenché entre la 36ème et la 38ème semaine d'aménorrhée.

Grossesse gémellaire : quels sont les risques ?

L'accouchement prématuré

Le premier risque lié à une grossesse gémellaire est l'accouchement prématuré. Il est effectivement courant que l'utérus ne puisse permettre aux deux fœtus de se développer. Ainsi, bien qu'une grossesse gémellaire se déroule dans d'excellentes conditions, l'accouchement survient prématurément en avance. Dans 25% des cas en moyenne, l'accouchement survient trop tôt (avant la 32ème semaine).

Dans le cas d'une grossesse monochoriale, c'est la trop grande quantité de liquide amniotique qui fait céder l'utérus, déclenchant ainsi un accouchement prématuré. Dans le cas d'un RCIU trop important, l'accouchement prématuré peut-être pratiqué par décision médicale. Les complications potentielles sont celles qui sont liées à toute naissance prématurée, notamment l'immaturité du système nerveux et les difficultés respiratoires.

Un accouchement par césarienne

Environ 40% des grossesses gémellaires impliquent un accouchement par césarienne. Ce choix est dicté par un impératif médical, puisqu'il s'agit de limiter au maximum la souffrance fœtale. Dans le cas d'une grossesse mono-amniotique, la césarienne est pratiquement incontournable, car le cordon pourrait s'enrouler autour de l'un des jumeaux – voir des deux.

La décision de procéder à une césarienne est généralement prise quelques semaines avant l'accouchement. Il peut aussi s'agir d'une mesure d'urgence prise au cours d'un accouchement par voie basse, si l'un des bébés présente des signes vitaux inquiétants.

L'hypotrophie

Les jumeaux naissant souvent prématurément, ils peuvent souffrir d'un retard de croissance et se révéler plus vulnérables. Ces bébés sont donc surveillés avec un soin particulier après la naissance.

Est-il possible d'augmenter ses chances d'avoir des jumeaux ?

Contrairement à une idée reçue, les chances de concevoir des jumeaux ne sont pas plus élevées au cours des semaines qui suivent l'arrêt de la pilule. Scientifiquement, on note qu'un taux d'hormone FSH élevé favorise la polyovulation. Il n'y a donc pas de "bon" ou de "mauvais" moment pour concevoir des jumeaux : il s'agit avant tout d'un type d'ovulation spécifique. Par ailleurs, si l'on entend régulièrement vanter les mérites de tel ou tel régime alimentaire, ces croyances ne reposent sur aucun fait scientifiquement établi.

Seuls trois facteurs favorisent la conception de jumeaux :

  • Le facteur génétique, responsable de la polyovulation ;
  • L'âge de la future maman, puisque les cas de polyovulation augmentent après 35 ans ;
  • Le recours aux techniques de PMA, qui favorisent le développement de plusieurs embryons.

Quels conseils pour allaiter ses jumeaux ?

La première tétée se fait au cours des premières heures de réveil enfants, exactement comme dans le cas d'un seul bébé. Dans le cas d'un accouchement prématuré, il est courant que la première semaine, les enfants soient séparés de la jeune maman. Dans ces cas-là, il est important de lancer la lactation avec un tire-lait. Comptez 8 sessions par 24H, combinée à un massage.

Lors de l'allaitement, la jeune maman d'un enfant unique peut alterner entre un sein et l'autre, à chacune des tétées. La jeune maman de jumeaux n'a pas cette opportunité. L'astuce ? Plutôt que de réserver un sein à chaque bébé, alternez ! Chacun aura en effet sa propre façon de téter et de positionner la bouche.

Il est possible que vous remarquiez que l'un de vos bébés favorise la lactation. Cela est d'autant plus évident quand en premier afin qu'il lance la lactation pour le second.

Certaines mamans aiment partager un moment avec chacun de ses enfants, d'autres préfèrent allaiter les deux en même temps... La meilleure solution ? Suivre votre ressenti !

Sachez que vous pouvez aussi opter pour un allaitement mixte. Là encore, suivez votre ressenti : un bébé peut téter alors que le second est nourri au biberon, et inversement la prochaine fois, à moins que vous n'alterniez tétée et biberon pour les deux en même temps.

Bon à savoir : s'il n'est pas nécessaire de manger en grande quantité pour allaiter des jumeaux, il est indispensable de manger équilibré et surtout, de bien s'hydrater !

Quels impacts psychologiques ?

L'annonce d'une grossesse gémellaire est souvent une surprise. Il est courant que les futurs parents aient besoin d'un peu de temps pour intégrer cette nouvelle. Il est aussi naturel qu'ils se révèlent un peu plus anxieux, car l'arrivée de deux bébés implique une organisation et une logistique un peu différente que la venue au monde d'un seul enfant.

Dans la plupart des cas, on note que le futur papa assimile rapidement la nouvelle, quand la future maman s'inquiète davantage des aspects pratiques et éventuellement financiers. Par ailleurs, la future maman étant soumise à un suivi de grossesse strict, elle peut voir son état d'esprit fluctuer en fonction de son évolution médicale.

Les complications étant plus fréquentes lors d'une grossesse gémellaire, on pourrait imaginer que les jeunes mamans sont plus exposées à la DPP (dépression post-partum). Rassurez-vous : les statistiques démontrent le contraire ! Cela tient notamment au fait qu'une jeune maman de jumeaux demandera plus facilement de l'aide à son entourage.

Les futurs parents sont susceptibles de vivre une expérience particulièrement éprouvante psychologiquement : la perte d'un enfant in utero. Ils se trouvent alors aux prises avec l'attente de l'enfant qui a survécu et le chagrin lié à la mort du second. Le danger ? Surinvestir l'enfant qui survécut. Il est donc important que les parents soient accompagnés lors de cette épreuve.

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