Grossesse : comment surmonter vos angoisses ?

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On parle toujours de la maternité comme d’un moment idéal dans la vie d’une femme, mais elle peut aussi provoquer des peurs et angoisses plus ou moins violentes chez la femmes enceinte.

Bénédicte, 34 ans, a vécu sa grossesse dans la sérénité, parfois même l'euphorie. Ces seins qui s'alourdissaient, ce ventre de plus en plus rond et habité, puis les mouvements du bébé, vécus « comme les caresses d'une aile de papillon », n'ont cessé de l'émerveiller. « Bizarrement, je me suis sentie en état de grâce pendant toute ma grossesse, totalement invulnérable et infiniment désirable. J'ai adoré être enceinte, au point, certains jours, de provoquer l'attendrissement puis l'agacement du futur papa. Mon bébé a aujourd'hui quatre mois et j'ai retrouvé mon humeur habituelle faite, comme tout le monde, de hauts et de bas. »

Bénédicte est une chanceuse, presque une exception dans le monde des femmes enceintes, car rares sont celles qui échappent aux doutes, à l'anxiété, voire à des peurs irraisonnées.

En fait, il semblerait que toutes les femmes enceintes éprouvent des peurs, mais que ces peurs ne sont pas les mêmes pour toutes. Elles dépendent beaucoup de l'histoire de chacune, de ce qu'une femme a pu entendre ou vivre dans son enfance, de sa relation avec sa propre mère, de sa place dans sa famille... La grossesse entraîne un climat psychique tout à fait particulier où l'on se sent, selon les jours, très forte ou très fragile. Parfois, les défenses psychiques s'abaissent et des traumatismes que l'on avait enfouis en soi remontent à la surface. Des événements ou tout simplement des mots qui, en temps normal, prendraient une coloration assez anodine peuvent réactiver et faire ressurgir certaines difficultés conscientes ou inconscientes. C'est ainsi que l'on dit, parfois, que la sensibilité d’une femme enceinte est à fleur de peau.

Les appréhensions, les peurs varient aussi beaucoup en fonction du terme de la grossesse. Elles ont souvent tendance à s'accentuer au fur et à mesure que l'échéance se rapproche. L'annonce de la grossesse suscite des réactions variables. Certaines jubilent. D'autres entrent dans une période de contradictions douloureuses, y compris si elles ont vraiment souhaité avoir un enfant. Cette ambivalence quant au désir d'enfant se fait jour à travers des pensées ou des propos tels que "Je le veux" et "Non, pas déjà ! Je ne suis pas prête ! ".

Et si une femme réalise, à ce moment-là, que ce qu'elle avait imaginé comme le désir le plus absolu de sa vie est, en fait, insupportable, l'angoisse peut tourner au cauchemar et la conduire à renoncer à cette grossesse, de peur de se mettre elle-même en danger psychique.

Quand cela se produit, c'est en général parce que son histoire a été jalonnée d'événements trop douloureux, jamais exprimés, qui rejaillissent alors et l'empêchent d'accéder psychiquement à l'état de mère.

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Ce corps si différent

Au fur et à mesure qu'elles interviennent, les modifications du corps peuvent être vécues différemment. On l'a vu : certaines femmes vivent ces changements comme une apothéose, tandis que d'autres détestent ce corps qu'elles voient déjà déformé et dans lequel elles ne se reconnaissent plus.

« Je me fais l'effet d'être Alien, raconte Isabelle, 28 ans. J'ai peur de rester grosse, de ne plus être désirable, c'est horrible ! » Or, même si elle ne parvient pas à l'exprimer, la peur qu'elle ressent est liée au fait que le bébé s'apprête à passer par un endroit qui était, jusque-là, un lieu de désir et de plaisir et que cela provoque une répulsion chez l'homme de sa vie.

Cette crainte est si fréquemment exprimée qu'aujourd'hui nombre de sages-femmes l'anticipent et suggèrent aux futurs pères soit d'être présents en salle de naissance et d'assurer un soutien psychologique, soit d'attendre l'arrivée du bébé dans la pièce à côté. Les années 70 où les pères assistaient à l'accouchement le nez sur les étriers" ont laissé des traces dans certains couples et sont, aujourd'hui, révolues.

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Ça y est, il bouge !

Quandis que d'autres accueillent ces moments avec joie mais aussi appréhension. Avec les mouvements, le bébé se fait de plus en plus présent, et cette présence peut, parfois être ressentie comme menaçante, envahissante, avec l'impression d'être "grignotée" de l'intérieur par celui qu'elles perçoivent alors comme un "intrus".

« Ma mère m'a étouffée toute ma vie, raconte Sophie, 29 ans. Aujourd'hui, c'est lui... » Sans atteindre forcément une telle violence dans les propos, la plainte peut prendre d'autres formes. Il suffit qu'une femme soit fatiguée, stressée par son travail, ou qu'elle considère que son entourage ne tient pas assez compte de son état pour que cette attente tellement souhaitée vire à l'inquiétude.

« En faisant un bébé, on a fait une bêtise, dit Mina à son compagnon. Ce bébé, mon boulot, le reste... je ne m'en sortirai jamais. ». Heureusement, ce type de peur est transitoire. La vitalité de l'enfant, la dynamique psychique entraînée par la grossesse, le soutien du futur papa... vont aider la mère à dépasser ce stade.

La peur d'être une "mauvaise mère"

Cette appréhension se traduit de façon massive par la crainte d'avoir un enfant anormal. Presque toutes les femmes ont peur de cela. En fait, ce qu'elles redoutent, c'est de ne pas être capables de mettre au monde un enfant en bonne santé et de bien s'en occuper par la suite. Elles s'interrogent sur leurs compétences : est-ce que je vais savoir l'aimer ? Est-ce que je vais être à la hauteur ? Est-ce qu'il va m'aimer ?

La plupart d'entre nous l'ignorent, mais cette inquiétude est très féconde : elle prépare inconsciemment les femmes à s'adapter à la réalité de leur enfant. Car ce n'est pas lorsqu'on accouche que l'on devient subitement mère. Ce processus se met en place au fur et à mesure de la grossesse et se construit aussi lors des échanges avec le futur père.

Cependant, de même que chaque histoire est unique, chaque grossesse l'est aussi. On peut avoir eu une première grossesse euphorique ou paisible et être assaillie de peurs à la suivante. Dans ce cas, l'inquiétude va se déplacer. Au lieu de se demander si l'on saura s'occuper du bébé, il est possible que l'on s'interroge sur ses capacités à aimer le deuxième comme le premier. Ces appréhensions sont le signe qu'un travail psychique est en train de s'opérer, qui prépare la mère à accueillir son enfant.

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L'angoisse d'accoucher

À la fin du septième mois de grossesse, c'est l'angoisse de l'accouchement qui domine toutes les autres peurs. Elle peut aller d'une vague appréhension à une angoisse terrible. Et pour cause

C'est à ce moment que le fait de devenir mère devient vraiment concret et c'est un sacré enjeu sur tous les plans. Sur le plan psychique parce que la mère va rencontrer l'enfant qu'elle avait, jusque-là, seulement imaginé. Sur le plan physique parce que son corps va être sollicité de manière considérable.

D'où cette peur de l'accouchement, qui englobe souvent au minimum deux craintes : celle de mourir et celle de souffrir. Peur de souffrir, parce que la douleur fait encore, très souvent, partie intégrante des récits sur l'accouchement. Et l'existence de la péridurale n'y change pas grand-chose. Car si elle permet de penser que l'on va maîtriser, en partie, la douleur physique, ce n'est pas le cas sur le plan psychique. On peut se sentir seule pour traverser une sorte « d'épreuve initiatique ».

D'où certaines questions en fin de grossesse telles que "Serais-je capable d'accoucher naturellement ? D'aider mon bébé à sortir ?" Avec, inconsciemment, en filigrane : « Serais-je capable de traverser un moment aussi intense sans perdre mes moyens ? » D'ailleurs, ces craintes peuvent ressurgir au cours de l'accouchement lui-même. Alors que le "travail" de dilatation se déroule bien, subitement le col de l'utérus cesse de se modifier sous l'effet d'émotions conscientes ou inconscientes extrêmement fortes, ce qui peut obliger l'équipe obstétricale à décider une césarienne.

Concernant ce type de 'blocages", une étude menée par l'Université Paris VII a montré l'intérêt de la présence d'une psychologue à ce moment-là en salle de naissance. En effet, en aidant la future mère à dénouer, par la parole, les représentations qui ont entraîné cet arrêt du travail reflet fréquent d'un sentiment d'épuisement, de solitude - on parviendrait à réduire le nombre de césariennes.

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