Achats compulsifs : quelles aides et comment s’en sortir ?

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Acheter tout et n’importe quoi, jusqu’à s’endetter : c’est un trouble du comportement comparable à la boulimie ou à l’alcoolisme. Témoignage et solutions.

Des associations pour vous aider

Elisa est membre des "Débiteurs Anonymes", une association qui aide les personnes atteintes par le syndrome des achats compulsifs. « J'ai toujours eu du mal avec l'argent, avoue-t-elle. Dans mon enfance, c'était une source de conflit entre mes parents et je ne voulais pas en entendre parler. »

Devenue adulte, elle a commencé à dépenser l'argent qu'elle n'avait pas encore gagné dans de multiples achats ; vêtements de luxe, chaussures et sacs.

Toutes sortes de choses qu'elle stockait dans ses armoires. « Sur le moment, j'avais l'impression d'exister. J'étais une autre. Mais, en sortant du magasin, j'étais comme dessaoulée. J'avais honte de ce que je venais de faire. »

Des chaussures par dizaines...

Peu à peu, Sylvie emprunte pour combler les trous de son compte en banque, puis emprunte de nouveau pour rembourser ses emprunts... C'est le cycle infernal.

« Je vivais dans l'angoisse et la solitude, dans la peur d'être démasquée... Avec mes amies, je pouvais parler de mes problèmes les plus intimes, mais jamais d'argent. »

Jusqu'à ce qu'elle dépense l'argent de son entreprise pour assouvir sa soif d'achats et que l'administration fiscale lui demande des comptes. Un ami lui parle des Débiteurs Anonymes.

A la première réunion, Sylvie résiste : « J'étais venue avec un manteau en vison et un sac de luxe et je me suis dit : "Je n'ai rien à voir avec ces gens-là !" » Quelques jours plus tard, elle y retourne : « J'ai compris que je n'étais pas seule et qu'il y avait d'autres personnes dans le même cas, que j'étais malhonnête avec les autres et avec moi-même. J'ai pris contact avec la réalité, j'ai appris à gérer mon argent. Je suis enfin devenue adulte... à cinquante ans passés. »

C'était il y a quatre ans. Depuis, Sylvie fréquente régulièrement ces réunions. « Comme pour les alcooliques, on n'est jamais à l'abri d'une rechute et il faut s'entraider en permanence. »

Les achats compulsifs concernent souvent les vêtements et les chaussures. Immédiatement après l'achat, la personne ressent un fort sentiment de culpabilité devant l'inutilité de son geste. Les facilités de paiement actuelles (sans contact, smartphone…) entrainent les acheteurs compulsifs dans la spirale de l'endettement.

Pour continuer d’acheter, certains vendent des objets auxquels ils sont sentimentalement attachés et tous compromettent l'avenir de leur famille.

Cette frénésie d'achat peut être comparée à la boulimie ou à la dépendance alcoolique, c'est la raison pour laquelle les Débiteurs Anonymes ont été constitués sur le modèle des Alcooliques Anonymes dont ils ont repris la plupart des méthodes.

Selon une étude, 90 % des acheteurs compulsifs sont déprimés ils ont une faible estime d'eux-mêmes. Cette faiblesse narcissique trouve souvent son origine dans une enfance pas très heureuse.

Les achats compulsifs révèlent, plus rarement, une part d'agressivité contre l'entourage. Dans ce cas, l'acheteur cherche, inconsciemment, à mettre en difficulté un proche dont il dépend économiquement.

On achète aussi une part de rêve

Le syndrome de l'achat compulsif est extrêmement rare. On a toujours tendance à penser que soi-même, ou surtout son conjoint, dépense trop. Mais être un acheteur compulsif, c'est acheter des objets dont on n'a pas besoin ni même envie. Ce n'est pas parce que l'on fait une ou deux dépenses de trop, pour se faire plaisir, que l'on est un acheteur compulsif !

En effet, tous nos achats n'obéissent pas à la simple logique. Selon des études, 25 à 65 % des achats effectués, chaque jour, par le consommateur moyen sont impulsifs, c'est-à-dire imprévus. Nous ne sommes pas non plus des consommateurs purement rationnels, nous achetons aussi des objets pour leur part de rêve.

Dans nos achats, même les plus insignifiants, existe cette dimension "immatérielle" du rêve, comme la nomme. Selon les experts, même quand une ménagère achète un produit de base, comme un kilo de pommes de terre, elle n'achète pas uniquement de la nourriture, mais aussi la perspective d'un repas convivial.

Depuis longtemps, les publicitaires utilisent cette dimension "immatérielle". Ce qu'ils nous vendent, ce n'est plus tant les qualités techniques d'un produit que le sentiment de sécurité, de joie de vivre, de valorisation sociale qu'il promet.

Achats Compulsifs
© istock

Mieux connaître ses émotions

II est normal que les choses nous échappent un petit peu, et c'est même bon. II vaut mieux apprendre à reconnaître nos émotions. Se dire "J'achète trop donc je suis un acheteur compulsif" est plus facile que d'essayer de comprendre que, derrière ces : achats irraisonnés, il y a des émotions.

Nous avons peut-être des difficultés familiales, des sentiments vis-à-vis d'un proche qui ne va pas bien, des problèmes de couple, des difficultés professionnelles... Achetez plus que le raisonnable est alors un moyen de se consoler.

II ne faut pas vivre avec l'obsession du comportement idéal et penser que l'on doit gérer sa vie comme le ferait un expert de la finance.

Si vous êtes trop dépensier

Être dépensier et non acheteur compulsif, c'est un caractère, une tendance, une relation à l'argent. Mais ce n'est pas une maladie. Pour lutter contre cette tendance à l'achat inutile, on peut utiliser certains moyens simples, comme :

  • Se déplacer avec une somme d'argent limitée en poche, par exemple 50 €, oublier volontairement chez soi son chéquier et sa carte bleue, ou encore désinstaller l’application carte bancaire de son smartphone.
  • Se donner un délai de réflexion pour acheter un objet non indispensable. Vous verrez que souvent, le lendemain, cet achat semble moins attrayant, une fois dissipée l'effervescence du magasin et l'empressement des vendeuses...
  • Noter ses dépenses sur un petit carnet. Cette méthode, empruntée aux Débiteurs Anonymes, permet de prendre conscience de la façon dont vous dépensez votre argent. Vous serez surpris…
  • Enfin, vis-à-vis des enfants, les psychologues conseillent de ne pas les emmener trop souvent dans les magasins et d'éviter d'encourager systématiquement leurs succès par des récompenses matérielles.

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