Surdité de l’enfant : comment savoir ?

Test Auditif Enfant
Le dépistage est fait souvent tard… alors que des tests sont réalisables dès la naissance !

L'importance du dépistage précoce

Un enfant sur 1 000 est atteint de surdité sévère ou profonde à la naissance, un chiffre qui passe à deux sur 1 000 dans la première année... Et plus de 400 000 jeunes de moins de 18 ans sont malentendants (légers, profonds ou sourds).

Nombre de ces problèmes auditifs sont diagnostiqués et pris en charge trop tard ! Alors que l'on dispose de moyens de dépistage fiables dès la naissance et qu'une prise en charge dès les premiers mois donne des résultats impensables il y a encore quelques années. Et pour les cas apparus plus tard, la vigilance permet de réagir et de limiter les conséquences.

L'audition se développe en plusieurs étapes :

  • À trois mois, l'enfant réagit aux bruits.
  • À six mois, il se retourne vers un bruit produit hors de sa vue, il babille et vocalise.
  • À un an, il réagit à son prénom, comprend certaines demandes simples, ses babillages se structurent.
  • À 18 mois, il prononce des mots reconnaissables.
  • À trois ans, il a acquis une véritable expression verbale, encore imparfaite mais bien structurée. La scolarisation complétera ces étapes.

Il s'agit d'âges moyens mais un écart avec ces "normes" doit attirer l'attention et entraîner des contrôles, notamment de l'audition. Chez le nourrisson, c'est le comportement anormal face au monde sonore : absence de réaction à la voix, aux bruits même fons (chute de casseroles...). Le babil n'est pas un signe de bonne audition, mais un réflexe produisant des sons inarticulés.

À l'âge pré-scolaire, le principal signe est le retard d'apparition du langage. Si la quasi totalité des surdités sévères ou profondes sont détectées avant l'arrivée à l'école, il n'en va pas de même des déficiences légères et moyennes. Un banal retard scolaire global, dit par manque de maturité, peut masquer une surdité moyenne. Dans le cas d'une surdité évolutive, c'est la baisse des performances scolaires qui sera le premier signe de la gêne auditive.

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Votre enfant devient coléreux ou apathique…

La malentendance survenant après le début de l'acquisition du langage peut passer inaperçue. Elle peut se manifester sous forme d'une régression du langage ou de troubles du comportement. Un enfant qui devient agressif, coléreux ou, au contraire, apathique ne doit pas être considéré comme caractériel. Tout suivi psychologique doit être précédé d'un bilan auditif.

Plus tard, la vigilance est de rigueur. Une malentendance même légère est d'autant plus dévastatrice chez un jeune ou un adolescent qu'elle est non détectée. Il existe plusieurs tests de dépistage.

  • Les tests subjectifs reposent sur les réactions de l'enfant à des stimuli. Pour les plus petits, la marge d'erreur n'est pas négligeable et repose sur la capacité d'interprétation du praticien.
  • Les audiogrammes classiques, où l'enfant doit signaler les sons qu'il perçoit, sont utilisés s'il comprend les consignes, c'est-à-dire vers 6 ans (4 ans chez les plus précoces).
  • Les tests objectifs sont plus fiables, car ils reposent sur l'enregistrement de réactions physiologiques aux stimuli.
  • Les OtoEmissions Acoustiques provoquées (OEA) sont rapides, sans traumatisme et réalisables par le personnel des maternités avec des boîtiers portatifs. Actuellement, c'est le meilleur examen pour dépister les déficiences moyennes à profondes.
  • Les Potentiels Evoqués Auditifs (PEA), plus longs à réaliser, permettent de confirmer le diagnostic dans la majorité des cas.

Dépistage de la surdité : une prise en charge dès les premiers mois

Test Auditif Nourrisson
© istock

L'âge moyen d'identification d'une surdité profonde à sévère reste anormalement élevé. On l'estime à un peu moins de trois ans aux Etats-Unis comme en Europe. En France, les OEA ne figurent pas encore dans la nomenclature. Le dépistage ciblé sur des populations à risque ne permet d'identifier que 50 % de la population atteinte. II n'est donc pas souhaitable de limiter le dépistage à ces seules sous-populations.

À Albi, le service d'audiophonologie du Bon Sauveur est certifié comme Centre d'action médico-social précoce (spécialisé dans l'audition). Il bénéficie d'un budget global qui lui permet de pratiquer systématiquement des OEA dans les maternités.

Une circulaire ministérielle préconise le dépistage systématique de la surdité à la naissance, à 9 mois et à 24 mois. Le carnet de santé comporte deux cases audition : l'une "réaction aux stimuli" correspond à des tests subjectifs de fiabilité variable ; la seconde "otoémissions présentes" correspond à un examen très rarement effectué.

Tout indice de problème auditif doit donner lieu à un contrôle régulier. Une fois la déficience auditive identifiée, l'enfant doit être pris en charge le plus tôt possible par des équipes spécialisées et pluridisciplinaires.

Psychologue, orthophoniste, et audio-prothésistes interviennent, ainsi que les enseignants (puéricultrices, professeurs). Les parents doivent être actifs dans la recherche d'informations et la prise de décision. Et les associations, lieux de parole et d'information, coordonnent souvent la prise en charge.

Chez les enfants sourds de naissance, l'implantation cochléaire, bien qu'ayant fait ses preuves, reste controversée. Lorsqu'elle est possible, elle peut conduire à la maîtrise de la parole. Elle doit intervenir le plus tôt possible (dès deux ou trois ans), sans négliger l'appareillage, la lecture labiale, le travail d'orthophonie, le soutien psychologique et éducatif.

Stimuler le plaisir de communiquer chez l’enfant

Le choix le plus crucial des parents concerne le type de communication oralisme, langue parlée complétée (LPC), langue des signes (LSF). La décision doit être prise en fonction du contexte spécifique de chaque enfant (familial, social, médical, éducatif...), tout en visant le mode de communication le plus universel possible.

Important : Les parents ne doivent pas chercher à contrôler en permanence ce qu'il sait. II pourrait perdre le plaisir de communiquer. C'est par une attitude stimulante et sereine que les parents aident l'enfant.

Les facteurs de risque

  • Antécédents familiaux.
  • Infection fœtale : rubéole, toxoplasmose, syphilis, herpès, citomégalovirus.
  • Poids inférieur à 2 000 g à la naissance.
  • Prématurité.
  • Ictère néo-natal ayant nécessité une exsanguino-transfusion.
  • Méningite bactérienne.
  • Problème pulmonaire ayant nécessité une réanimation respiratoire supérieure à 5 jours.
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