La dysoralité sensorielle : qu’est-ce que c’est ?
La dysoralité sensorielle est un syndrome qui entraine un trouble de l’alimentation puisque l’ingestion de certains aliments s’avère très difficile. Les Américains parlent alors de SPD, Sensory Processing Disorder qui traduit, signifie trouble d’intégration sensorielle ou dysfonctionnement sensoriel. Elle entraine notamment une hypersensibilité au niveau des odeurs et du goût et même parfois, des textures.
Ce trouble peut se manifester sous diverses formes, selon les enfants : troubles de la déglutition, hypersensibilité de la bouche et des lèvres, prises alimentaires lentes et insuffisantes, refus d’aliments nouveaux ou qui contiennent des morceaux, absence du plaisir de manger et nausées qui peuvent ou non être accompagnés de vomissements.
On constate que la dysoralité touche environ 25 % des enfants ayant un développement normal et entre 50 et 80 % des enfants ou des adultes présentant un polyhandicap. Cette dysoralité entraine des réactions qui vont du simple dégout pour seulement certains aliments allant jusqu’à une aversion alimentaire grave. Dans ce dernier cas, il n’est pas rare chez l’enfant ou le jeune adulte que la dysoralité soit confondue avec l’anorexie.
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Les causes de la dysoralité sensorielle
Durant longtemps on a pensé que cette maladie avait une origine psychologique. On l’attribuait notamment à une relation mère/enfant perturbée, voire même pathologique, au même titre que l’anorexie.
Depuis, les choses ont bien évolué et une étude menée en 1998 par Burklow et ses collaborateurs a mis en évidence certains facteurs qui peuvent être déclenchants. Cette étude portait sur 103 enfants âgés de 4 mois à 17 ans. 84 % d’entre eux présentaient une combinaison d’étiologie :
- Pour 30% d’entre eux, on retrouve des facteurs organiques, comportementaux et neurologiques ;
- Pour 27 % d’entre eux, ce sont des facteurs comportementaux et neurologiques qui sont relevés ;
- Pour 9 % ils présentent des facteurs comportementaux et anatomiques ;
- Pour 8 % de sont les facteurs neurologiques et anatomiques qui dominent.
Cette étude met en évidence la mixité des causes qui peuvent être à l’origine du syndrome avec en particulier une étiologie mixte, combinant causes émotionnelles, environnementales et physiologiques. Il existe donc bien différentes causes qui peuvent conduire à ce comportement alimentaire dit « anormal ».
L’étude démontre également que 12 % des enfants sont atteints de troubles alimentaires sans pourtant qu’il ne soit mis en évidence une composante psychogène ou organique. C’est ce qui a conduit Catherine Senez à penser qu’il s’agirait d’une « hyper réactivité génétique des organes du goût et de l’odorat». Le facteur génétique n’est donc pas à exclure. Les capteurs sensoriels sont tellement hyperactifs que de ce fait ils entrainent un dégout pour certains types d’aliments. Il ne faut pas forcer votre bébé, car il vomirait. Ce syndrome concerne 20 % de la population à différents niveaux et il est souvent bien géré.
Certains facteurs peuvent être associés à ce syndrome sans en être la cause, mais aggravent la maladie :
- Le reflux gastro-œsophagien ;
- Les problèmes relationnels ;
- Les intolérances alimentaires ;
- Les allergies ;
- La constipation.
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Les symptômes devant vous alerter
Il existe certains symptômes qui peuvent vous alerter et vous amener à consulter :
- Une préférence pour les aliments qui se demandent que peu ou pas du tout de mâche ;
- Un odorat très développé ;
- Un réflexe nauséeux prononcé ;
- Des difficultés lors du brossage des dents ;
- Des problèmes de comportement durant les repas ;
- Un manque d’appétit ;
- Le refus de gouter ce que l’enfant ne connait pas.
Comment se soigne ce syndrome et comment le traiter ?
La première chose à faire si jamais vous avez le moindre doute est d’en parler avec le pédiatre qui suit l’enfant. Il pourra évaluer la probabilité et vous diriger vers les services compétents.
Il arrive que l’enfant refuse de s’alimenter, non par caprice, mais parce qu’il ne peut pas, il faut alors passer par la voie veineuse ou digestive afin de ne pas entraver le développement normal de celui-ci. C’est une solution extrême qui bien entendu est envisagée seulement quand les autres solutions ne sont plus envisageables. La plupart du temps, les aliments qu’il peut ingérer (compote ou purée) sont suffisants pour le nourrir.
C’est l’orthophoniste qui prend en charge ce trouble, adressez-vous à un professionnel habitué à traiter cette maladie. L’objectif de ce professionnel est de redonner du plaisir à l’enfant lors des repas, en lieu et place du rejet et du dégout. Il propose à l’enfant des activités qui sont principalement centrées sur la sphère orofaciale, lui permettant ainsi de se servir pleinement de sa bouche. Les résultats sont généralement très significatifs au bout de 6 à 8 mois de traitement.
Si vous rencontrez ce problème, vous pouvez vous faire aider en vous adressant à l’association Oralité Déglutition. Que ce soit pour vous donner des informations ou pour vous diriger vers un orthophoniste compétent, elle est présente à vos côtés.
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