La dépression post-partum : tout savoir pour mieux agir

Depression Post Partum
Tout au long de sa grossesse, une femme enceinte l’entend répéter à longueur de journée : quand bébé est là, ce n’est « que du bonheur ». Et pour peu qu’elle se sente déprimée et qu’elle se mette à pleurer sans raison apparente après la venue au monde de son enfant, la voilà qui culpabilise de n’être pas à la hauteur en tant que maman ! Rappelons-le : l’accouchement est très souvent suivi d’une période de déprime qui est normale. Toutefois, le « baby blues » reste à surveiller. Car ses symptômes sont très proches d’un trouble beaucoup plus sérieux : la dépression post-partum. Décryptage.

Le "baby blues"

L'accouchement est éprouvant physiquement et émotionnellement pour une jeune maman. Rien d'étonnant à ce qu'il soit suivi d'une période de fatigue et d'hypersensibilité. C'est la raison pour laquelle il est si difficile disposer des statistiques précises. Les professionnels de la santé estiment donc que ce sont 25 à 80% des femmes qui sont en proie au "baby blues" après la venue au monde de leur enfant.

Les principaux symptômes sont :

  • La fatigue physique ;
  • L'hypersensibilité ;
  • L'insomnie ;
  • Les sautes d'humeur ;
  • L'irritabilité.

Le "baby blues" fait son apparition entre le 3ème et le 10ème jour suivant l'accouchement. Il est dû à une modification biologique, et plus précisément une chute hormonale. Il ne s'agit donc pas d'un trouble psychique, mais d'un état transitoire dont la durée varie de quelques heures à 15 jours. Il n'y a donc pas de traitement médicamenteux.

Face au baby blues, il est important qu'une jeune maman puisse exprimer son malaise et bénéficier du soutien de son entourage. Pour l'aider à traverser cette passe, il est important de l'aider à partager des instants privilégiés avec son enfant, par exemple le peau à peau. Il est tout aussi capital de l'encourager à s'offrir  des instants pour elle-même sans culpabiliser.

>> À lire aussi : Le baby-blues, c’est quoi exactement ?

La dépression post-partum

La dépression post-partum – DPP ou dépression postnatale – touche approximativement 10 à 15% des jeunes mamans. Bien que l'on considère les 3 à 6 mois suivants l'accouchement comme une période plus particulièrement à risque, elle est susceptible de survenir à n'importe quel moment au cours de l'année suivant la naissance de bébé.

Les causes exactes de la dépression post-partum sont difficiles. La DPP est effectivement multifactorielle. En d'autres termes, elle résulte de la combinaison de plusieurs éléments, parmi lesquels :

  • Un accouchement difficile ;
  • Les troubles physiologiques (chute hormonale) ;
  • Des difficultés à allaiter ;
  • Des antécédents familiaux ;
  • D'importants changements de vie (déménagement, etc.) ;
  • Des problèmes de couple ;
  • L'isolement.

Les jeunes mamans ayant déjà été touchées par la dépression avant leur grossesse sont par ailleurs plus exposées à la dépression post-partum.

Les premiers symptômes de la dépression sont assez similaires à ceux du baby blues. Elle peut d'ailleurs apparaitre dans la foulée.

Mais contrairement au baby blues, la dépression post-partum peut durer plusieurs mois voir plusieurs années si elle n'est pas traitée. Une jeune mère traversant une DPP n'a pas toujours le réflexe d'en parler et de demander de l'aide. La vigilance de l'entourage de son conjoint et de sa famille se révèle capitale, car plus elle est détectée tôt, plus le traitement sera rapide et efficace.

La psychose puerpérale : qu'est-ce que c'est ?

La psychose puerpérale se manifeste dans les 15 jours suivants l'accouchement et elle touche une mère sur dix. La jeune maman manifeste des symptômes de dépression. Confuse, elle est en proie à la paranoïa et à l'hystérie, et elle est en proie à des idées délirantes centrées sur l'enfant et sur le moment de l'accouchement. Elle peut ainsi imaginer que son bébé a été remplacé par un autre à la naissance, par exemple.

La psychose puerpérale peut aller dans certains cas jusqu'au suicide et à l'infanticide, voire de suicide avec son enfant. L'hospitalisation est donc indiquée. La jeune maman est alors prise en charge dans une unité mère-bébé. La psychose puerpérale peut être la première manifestation de troubles psychiques – schizophrénie ou bipolarité – mais ce n'est pas systématique. En revanche, il y a environ 20% de risques de récidives en cas de nouvelle grossesse.

Quels sont les symptômes à surveiller d'une dépression post-partum ?

Une jeune mère traversant une dépression post-partum présente plusieurs symptômes :

  • Elle ne manifeste que peu ou pas d'intérêt pour son enfant ;
  • Elle est triste et pessimiste ;
  • Elle manque d'assurance ;
  • Elle est persuadée d'être une mauvaise mère ;
  • Elle ne supporte plus rien ;
  • Elle est en proie à des crises de larmes inexplicables ;
  • Elle dort mal ou, au contraire, énormément.

Elle peut également être victime de maux de têtes, de fortes douleurs thoraciques, d'hyperventilation et de vertiges.

Il est rare qu'une jeune mère atteinte de DPP soit en mesure de s'autodiagnostiquer. Cela tient parfois tout simplement à son état de déprime et de fatigue. Il arrive aussi fréquemment qu'une jeune maman culpabilise trop pour oser consulter ou même en parler ouvertement à ses proches. Dans la majorité des cas, c'est donc la vigilance de son entourage qui fait la différence, en lui permettant d'être prise en charge.

Comment diagnostiquer cette dépression ?

La dépression post-partum est quelquefois dépistée par le corps médical, notamment lors de la visite postnatale, qui survient 6 à 8 semaines après l'accouchement. En cas de doute, il est toujours judicieux d'encourager une jeune maman à consulter au plus vite.

Pour diagnostiquer une DPP, les professionnels se basent principalement sur la liste de 9 symptômes d'un épisode dépressif majeur :

  1. Une humeur dépressive.
  2. Une perte d’intérêt.
  3. Une perte ou un gain de poids.
  4. L'insomnie (ou l'hypersomnie).
  5. L'agitation (ou le ralentissement psychomoteur).
  6. La fatigue ou une perte d’énergie.
  7. Un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessif.
  8. Une diminution de l’aptitude à penser, à se concentrer ou à prendre une décision.
  9. Des pensées de mort ou des idées suicidaires.

Le diagnostic est posé lorsqu'une jeune maman présente au moins 5 de ces symptômes – dont l'humeur dépressive ou la perte d'intérêt.

Quels traitements et prises en charge possibles ?

La dépression post-partum fait souvent peur – aussi bien à la jeune maman qui en souffre qu'à son entourage. Il est vrai que dans un petit nombre cas, elle peut durer quelques années. Dans la majorité des cas, cependant, une prise en charge adaptée permet de guérir la DPP en quelques semaines. On constate en revanche un risque de récidive important – de l'ordre de 10 à 35% - lors d'une nouvelle grossesse.

La thérapie brève

Pour les jeunes mamans qui sont en mesure de se déplacer, la thérapie brève est recommandée. Il s'agit de 8 à 10 séances de psychothérapie destinées à traiter les problèmes de la maman – le plus souvent en revenant sur un problème lié à sa propre filiation – et à rétablir un lien entre elle et son bébé. Ce type de thérapie peut être associé à un traitement antidépresseur.

L'hospitalisation en unité parents-enfants

Une jeune maman souffrant de DPP en grande difficulté peut se voir proposer une hospitalisation en unité mère-bébé. Il peut s'agir d'une hospitalisation de jour : autrement dit, le soir, mère et bébé regagneront leur domicile.

Au cours de cette hospitalisation, la jeune maman est accompagnée d'une équipe de professionnels – psychologues, pédopsychiatres et puéricultrices – qui l'aideront à restaurer sa confiance en elle et à restaurer un lien positif avec son bébé.

Ce type de prise en charge est actuellement réservé aux situations les plus sérieuses, car les places au sein de ces unités sont comptées.

Les visites à domicile

Cette option, relativement récente, est proposée par quelques hôpitaux. Il s'agit de proposer l'intervention de puéricultrices, qui rendent visite une ou deux fois par jour à la jeune maman pendant quelques semaines. Là encore, il s'agit avant tout de restaurer la confiance en elle de la jeune mère souffrant de DPP, et de l'aider à renouer un lien avec son bébé.

Quels facteurs de risques et possibles conséquences d'une dépression post-partum sur l'enfant ?

La dépression post-partum doit être diagnostiquée et traitée aussi rapidement que possible dans l'intérêt de la jeune maman comme dans celui de son enfant. En effet, la DPP est susceptible d'avoir des conséquences sur bébé.

Dès ses premières semaines de vie, un enfant a besoin d'établir un lien affectif positif avec sa mère. Or la DPP altère ce lien, ce qui peut aboutir à un rejet de l'enfant par sa mère. Pour l'enfant, les conséquences à long terme sont réelles :

  • Difficultés scolaires ;
  • Difficultés relationnelles ;
  • Risque accru de pathologies psychiatriques.

L'allaitement et la dépression post-partum

On entend parfois dire que l'allaitement contribuerait à limiter les risques de dépression post-partum ou, au contraire, qu'il peut être à l'origine d'une DPP. Les chercheurs se penchent sur la question, et à l'heure actuelle, il est impossible d'affirmer que l'allaitement joue un rôle protecteur à proprement parler. Une jeune maman ayant du mal à allaiter son enfant peut se sentir stressée, et parfois dévalorisée. Mais ce seul fait ne suffit en aucun cas à provoquer une DPP.

En cas de dépression post-partum avérée, il est fréquent que la jeune maman se voie administrer un traitement antidépresseur léger. L'allaitement est alors susceptible d'être interrompu.

Les papas sont-ils aussi concernés ?

Contrairement à une idée reçue, la dépression post-partum ne touche pas exclusivement les jeunes mamans, et les jeunes papas ne sont pas épargnés. On estime que 7% des pères présentent des signes de DPP au cours des 3 premiers mois suivants l'accouchement, et près de 25% sont touchés au cours des 3 à 6 mois suivants la naissance de bébé.

Cela tient principalement au fait qu'un jeune père doit également s'adapter à sa nouvelle vie avec bébé. Il peut aussi être plus vulnérable s'il a des antécédents. Et les études tendent à prouver que le conjoint d'une jeune maman souffrant de DPP a plus de chance de développer à son tour des symptômes dépressifs.

Ce fait demeurant trop souvent sous-estimé, un jeune papa ne songe pas toujours à en parler et à demander de l'aide. Il est pourtant capital qu'il prenne le temps de consulter afin de bénéficier d'un traitement approprié.

Comment aider la maman ?

On l'a vu : une jeune maman n'est pas toujours en mesure de demander de l'aide – ou de réaliser qu'elle en a besoin. On estime d'ailleurs que 50% des DPP ne sont pas diagnostiquées. Le meilleur moyen d'aider une jeune maman est donc d'être à son écoute.

Prudence avec l'image ultrapositive de la grossesse et de la venue au monde de bébé : une vision assez loin de la réalité qui peut pousser une jeune maman à s'imaginer qu'elle n'est pas une bonne mère ! Il est important de l'encourager à prendre soin d'elle, en l'encourageant par exemple à pratiquer une activité comme le yoga prénatal. S'il est important de prendre soin de bébé, la jeune maman a besoin elle aussi de temps de repos et d'une alimentation équilibrée !

Vous notez que le baby blues de la jeune maman dure ? Il est temps de l'encourager à consulter !

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