Au Japon, les enfants atteints de phobie scolaire sont appelés hikikomori (socialement exclus). Ils sont plusieurs centaines de milliers. En France, nous n'en sommes pas là. Mais cette phobie progresse. Trois tranches d'âges sont touchées : exceptionnellement le petit enfant de cinq-sept ans, plus fréquemment le pré-adolescent de dix-onze ans, et l'adolescent vers quatorze ans.
Peur de l’école : Des facteurs déclenchants multiples
Plus la famille et la société survalorisent l'importance de faire des études et de réussir professionnellement, plus il existe un risque, chez le jeune, de développer une phobie scolaire Notamment chez les adolescents de tempérament inquiet et hypersensibles. Ils développent une anxiété de performance et deviennent trop exigeants envers eux-mêmes. Ils ne s'estiment jamais suffisamment bons, ne se croient pas à la hauteur... Et la moindre réflexion d'un professeur entraîne des réactions démesurées.
L'entrée au collège peut déclencher cette peur : l'enfant quitte le monde sécurisé de l'école primaire. Il doit devenir plus autonome, affronter de nouvelles matières scolaires et s'adapter à différents professeurs. Rapidement, il doit choisir son orientation. Celle-ci se fait en fonction des résultats scolaires.
La peur de l'école est également plus intense durant les années d'examens : en classe de troisième avec le brevet, ou en première et terminale avec le baccalauréat. Certains jeunes, connaissant des difficultés scolaires, ou des échecs depuis plusieurs années, lâchent prise à un moment donné. L'école ne leur apportant aucune satisfaction, ils ne veulent plus s'y rendre.
En dehors de la performance scolaire, d'autres éléments peuvent provoquer ce refus : le harcèlement, le racket ou un contexte social lourd. Ainsi, un jeune peut vouloir, en séchant les cours, protéger sa mère dépressive d'une tentative de suicide ou de coups portés par un père alcoolique.
Chez le petit enfant, il s'agit souvent d'une angoisse de séparation, ou bien d'une crainte qui n'est pas celle d'aller à l'école, mais du gros chien croisé sur le trajet qui y mène, etc.
Chaque matin, c'est l'angoisse pour aller à l’école
Ce refus anxieux peut prendre diverses formes. L'adolescent n'arrive plus à se lever le matin. Il est agité quand l'heure de partir en cours se rap- proche. Il souffre de crise de panique sur le chemin des cours
« Chaque matin, se souvient Appoline, 17 ans, je me disais, cette fois-ci j'y vais. Et dès que je sortais du métro, je faisais demi-tour. Pourtant, les copines que je croisais essayaient de m'entraîner avec elles. »
« Moi, c'est différent, explique Melchior, 15 ans. C'est pour faire plaisir à mes parents, que je vais en cours. Et, ce que je ne supporte pas, c'est qu'on soit plus de trente par classe. Ça me donne l'impression d'étouffer et au bout de deux heures, je suis obligé de partir. Les jours où je suis plus en forme, j'arrive à rester quatre heures. » Petit à petit, l'adolescent se désocialise. Les symptômes peuvent également être plus physiques : nausées, vomissements, maux de tête, diarrhée, tachycardie, malaise...
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Quelle aide apporter ?
Il est important que les parents s'aperçoivent tôt du mal-être de leur enfant. Qu'ils soient à son écoute. Ce dernier doit se sentir en confiance pour exprimer ce qu'il ressent, se libérer du poids qu'il porte.
L'absentéisme scolaire de l'enfant peut avoir des retentissements sur les parents. Ils sont inquiets, anxieux. Ils ne sont plus les bons interlocuteurs pour aider leur adolescent à remonter la pente. un médiateur doit alors prendre le relais. Un psychologue par exemple, car souvent les arguments du collégien ou du lycéen ne sont pas probants. En effet, il y a une part d'inconscient que l'adolescent n'arrive pas à formuler. Le psychologue est là pour l'écouter et apporter une aide ponctuelle, permettre à l'adolescent perturbé de retrouver une certaine sérénité.
Parfois, il suffit d'une séance pour dénouer le problème (quand l'adolescent refuse de consulter.
Il n'est pas toujours facile de « traîner » son fils ou sa fille chez le psychologue.
On peut subtilement lui demander son aide : "Dans la famille, ça ne va pas très bien. Ce serait bien d'aller voir quelqu'un ensemble." Il n'a pas ainsi l'impression d'être malade.
Quand le refus est définitif, les parents peuvent consulter à la place de l'adolescent. Le psychologue apporte des réponses à la mère et/ou au père. Ce qui leur permet de changer leur comportement vis-à-vis de leur enfant, ou de lever leur angoisse. Une attitude bénéfique qui se transmet à l'adolescent.
Peur de l’école : Attention à la déscolarisation
Certains adolescents ne vont plus du tout en cours, et demandent à être scolarisés par correspondance. Les parents doivent y opposer un refus pour ne pas désocialiser leur enfant, et lui laisser croire qu'ils ont baissé les bras.
« L'an dernier, en seconde, j'ai quitté le collège pour le lycée, se rappelle Maud, 17 ans. Ça n'allait pas. À la fin du premier trimestre, j'ai demandé à mes parents de m'inscrire au Cned. Mais très vite, je me suis aperçue que c'était dur de travailler sans l'aide d'un professeur, et de rester toute seule toute la journée. Cette année, j'ai repris le chemin du lycée et je suis aidée par une psychologue. »
Le changement d'établissement peut être conseillé. En cas de racket ou de harcèlement, le jeune peut ne plus vouloir être vu comme une victime.
L'inscrire dans une nouvelle école lui permet de retrouver, à travers les autres, un regard positif.
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