La dépression chez l’enfant

Enfant Dépression
La dépression chez l’enfant est d’autant plus difficile à vivre qu’il ne comprend pas ce qui lui arrive. Bien souvent, les parents sont tout aussi désemparés. Mais ils sont aussi les mieux placés pour l’aider.

« Je ne sais pas ce qu'il a depuis quelque temps. Plus rien ne l'intéresse, il ne veut pas voir ses copains, il s'ennuie, le soir il a du mal à s'endormir, et il fait toujours la tête. » Ces mots sont souvent le signes de la dépression.

L'insouciance de l'enfance cède parfois la place à un état dépressif durable. Cela nous paraît plus inconcevable si "tout va bien". Une expression que l'on utilise souvent face à des adultes dépressifs. Cette méconnaissance de la dépression explique pourquoi elle est si mal soignée en général, et encore plus chez les enfants. Elle n'a pas forcément de cause extérieure précise mais, comme chez l'adulte, une situation inédite peut entraîner un stress. Dans l'enfance, il y en a beaucoup : arrivée d'un bébé, école, interdictions...

Face à ces événements, tous ne tombent pas malades. Quand cela se produit, l'enfant ne comprend pas. Dans la plupart des cas, il ne parvient pas vraiment à identifier ce qu'il a et ses parents non plus. On a longtemps considéré que la dépression de l'enfant n'existait pas, que ces états d'ennui, de tristesse, voire d'agressivité étaient transitoires et normaux : c'est l'âge, ça va lui passer ! Pourtant selon l'Organisation mondiale de la santé, deux enfants sur cent seront touchés par la dépression avant 12 ans, et six sur cent durant leur adolescence.

Les garçons sont plus fragiles

Si les garçons sont un peu plus souvent déprimés que les filles, la tendance s'inverse à l'adolescence. Peut-être parce que les adolescentes ont une forte baisse de l’estime de soi et une perception négative de leur corps. Il semble que des facteurs biologiques, génétiques, psychologiques et familiaux aient tous une place plus ou moins déterminante selon les cas dans l'apparition d'une dépression.

Mais les enfants de parents déprimés présentent plus souvent des troubles psychiques que les autres. Selon le rapport Itinéraire des déprimés, le risque serait trois fois plus élevé pour eux, en ce qui concerne les troubles de l'humeur. Il ne s'agit pas de culpabiliser les mères, mais de connaître les risques pour agir au mieux ensuite. Tous les petits déprimés ne sont pas forcément tristes ; le signe le plus fréquent, en tout cas le plus visible, est souvent la perte d'intérêt et de plaisir. Son comportement peut changer : il devient apathique, lent, "mou". Il est fatigué, a du mal à se concentrer. Il se décourage vite, se trouve méchant, nul, il a honte. Il s'ennuie mais n'a pas envie de voir ses amis. Il est renfermé, "n'a rien à dire". Parfois, le changement est brutal : lui si doux, si posé, devient infernal. Il est agressif, s'oppose à tout, ne respecte rien.

Troubles du sommeil, de l'appétit...

Les troubles du sommeil et de l'appétit doivent aussi vous alerter s'ils se prolongent. Il a des fringales ou bien n'a jamais faim. Il n'arrive pas à s'endormir, se réveille trop tôt, ou dort trop. Il pense à la mort. En parler de temps en temps est normal, car c'est dans l'enfance que l'on commence à se poser des questions et que l’on découvre les notions d'inéluctable et d'irréversible.

Mais les psychiatres conseillent de ne jamais prendre les propos suicidaires à la légère : les gestes suicidaires sont presque toujours précédés de paroles ou d'écrits... Si cet état de tristesse, d'ennui ou de découragement est permanent, il indique un mal-être profond. Mais, pour ne pas inquiéter les parents, certains enfants dissimulent leur mal-être : tout semble redevenu normal alors que tout est "rentré”. Il vaut toujours mieux exprimer ses émotions. Les colères sont donc normales s'il apprend à les canaliser, par exemple sur un punching-ball ! Acceptez aussi sa tristesse ou sa morosité, sans vouloir à tout prix les combattre. Il a besoin de passer par cette phase, et peut se sentir rejeté s'il n'est pas compris dans ces moments-là. L'idéal est de le laisser en parler sans tenter de lui changer les idées trop vite.

Enfant Dépressif
© istock

Un besoin de parler sans être jugé

Les pédopsychiatres conseillent aux mamans - et aux papas - de passer du temps seuls avec l'enfant pour parler et l'écouter, même s'il dit des choses qui les choquent parce qu'elles vont parfois porter sur la mort, sur le fait qu'il est nul, que tout va mal. Mais il a besoin de s'exprimer sans qu'on lui dise qu'il a tort, que c'est faux ou absurde.

Ne tentez pas à tout prix de l'apaiser par des paroles lénifiantes ("Ce n'est pas grave") ou tout ce qui pourrait minimiser sa souffrance et ses interrogations. Il va ainsi apprendre à mieux exprimer ce qu'il ressent et ce qu'il pense, donc apprendre à mieux se connaître et à mieux se comprendre. S'il a du mal à parler, trouvez des sujets qui l'intéressent : ses amis, une fête, les vacances ou des thèmes comme l'environnement, les jeux vidéos… Discuter avec lui constitue un moment privilégié, qui doit être tranquille. Ne vous découragez pas s'il vous repousse.

Il peut aussi, soudainement, vous accaparer, vous demander de le prendre dans ses bras, de le protéger. Ce comportement peut refléter sa détresse face à quelque chose qui lui arrive et qu'il ne comprend pas. Apprenez-lui à se créer des habitudes qui lui font du bien, et à s'occuper de lui en se faisant plaisir : qu'aime-t-il faire le soir avant de s'endormir ? Jouer, lire, écrire ? Le réapprentissage de l'autonomie passe aussi par sa capacité à avoir seul des activités.

N'encouragez pas le recours aux médicaments en cas de bobo ; le mal de tête ou de ventre est souvent un indicateur d'un mal "ailleurs", à traiter autrement. Enfin, le recours exceptionnel à un antidépresseur prescrit, ponctuellement, peut s'avérer bénéfique. Une chose est certaine, la dépression d'un enfant est une expérience douloureuse pour la famille. Honte, culpabilité, sentiment d'échec... Parfois, la mère délaisse son entourage pour se consacrer au petit déprimé. Il faut savoir conserver des moments à soi et avec les autres. Des amis pourront vous aider à voir plus clair dans vos attitudes. En tout cas, n'obligez pas votre enfant à dissimuler ce qu'il vit. Quand il voit un psychiatre, ne dîtes pas qu'il a rendez-vous chez le dentiste.

À lire aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires