Faire redoubler une classe à un enfant : est-ce efficace ?

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Beaucoup estiment que le redoublement peut avoir un impact positif sur le parcours scolaire d’un élève en difficulté qui n’arrive pas à progresser au même rythme que ses camarades. Mais cet avis est controversé et est même contredit par certaines récentes études.

Pour quelles raisons fait-on redoubler un enfant ?

Au primaire, la raison principale pour laquelle on fait redoubler un enfant est son incapacité à acquérir des connaissances au même rythme que ses camarades. Il peut, par exemple, ne pas arriver à déchiffrer les lettres alors qu’il est en fin de CP dont un des buts est justement d’apprendre aux enfants à lire.

L’enfant peut aussi redoubler si, en CM1, il n’arrive pas à assimiler des informations simples comme le nombre de côtés qu’a un triangle ou s’il confond diverses notions comme quand il ne discerne pas le sujet du verbe. C’est généralement pour ces raisons que le redoublement est proposé à l’enfant. Son maintien pour une année supplémentaire dans la même classe est censé lui permettre de mieux assimiler les notions nécessaires pour passer à la classe supérieure.

Au collège et au lycée, le redoublement peut être motivé par le mauvais niveau de l’élève, mais aussi par d’autres raisons. Ainsi, un grand nombre de redoublements en cinquième sont demandés par les parents qui souhaitent ainsi éviter la réorientation de leur enfant vers une filière professionnelle et ainsi lui permettre de rester dans la même filière, quitte à perdre une année.

Quels effets a le redoublement sur l’enfant ?

Le redoublement est encore vu comme la solution ultime aux problèmes d’apprentissage des élèves. Mais, récemment, les études sur les effets du redoublement sur l’élève se sont multipliées et la plupart tendent à conclure qu’il n’y a pas d’avantage à faire répéter une classe à un enfant.

Toutefois, c’est une question sensible et très controversée et la pratique dans les établissements reste détachée de la réalité scientifique établie par ces nombreuses études. Le redoublement continue donc à être pratiqué en France et dans de nombreux pays du monde malgré les réticences d’organismes internationaux comme le Programme international pour le suivi des acquis des élèves ou PISA qui dépend de l’OCDE. Selon des responsables de cette organisation, “le fait de redoubler une classe pour améliorer les performances des étudiants n’est pas une mesure généralement très efficace”.

Le redoublement n’améliore pas les résultats scolaires

Selon des études récentes, les élèves, collégiens et lycéens qui redoublent une classe ne parviennent que très rarement, voire jamais, à rattraper le retard qui leur a valu le redoublement. Leurs résultats scolaires restent inférieurs à ce qui est attendu d’eux.

En outre, si des améliorations sont apportées par le redoublement au niveau de l’élève, celles-ci ne sont jamais viables sur le long terme. Selon le professeur R. Jimerson Shane de l’Université de Californie, “les comparaisons longitudinales ont clairement démontré que, même si de nombreux étudiants redoublants réalisent des progrès scolaires au cours de l’année de leur redoublement, ces améliorations disparaissent généralement en deux ou trois ans”.

Le redoublement affecte la stabilité mentale de l’élève

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© istock

Le redoublement n’est jamais bien vécu par l’élève concerné. Même s’il est proposé et présenté par les parents ou les enseignants comme un moyen d’avoir plus de chances de réussite à l’avenir, l’enfant ne peut qu’en souffrir. En redoublant, il est, en effet, éloigné de ses camarades avec qui il a déjà partagé plusieurs années de scolarité et avec qui il a tissé des liens solides. En outre, les enfants se comparent entre eux et celui qui redouble peut ressentir un sentiment de honte en voyant ses camarades et amis passer à la classe supérieure, contrairement à lui. La stigmatisation par les autres élèves est, elle aussi, fréquente, renforçant ainsi le sentiment de honte et de mal-être du redoublant qui perd son estime de soi.

Le redoublement est donc une source de stress pour la plupart des concernés. Ainsi, selon une étude de l’Université de Californie, “les élèves de sixième année craignent plus de refaire une année que de perdre leurs parents ou de devenir aveugles”. Un constat effroyable qui rend fidèlement compte de la façon dont est perçu le redoublement par les élèves et les angoisses qu’il leur cause.

En outre, l’enfant qui redouble se retrouve l’année suivante dans une classe où il est plus âgé et plus grand physiquement que tous ses camarades, ce qui renforce encore son sentiment d’exclusion, sans oublier la difficulté qu’il peut avoir à tisser de nouveaux liens sociaux dans sa nouvelle classe.

Le redoublement cause des problèmes de comportement

Le redoublement, en infligeant à l’enfant une souffrance psychologique, peut le rendre agressif et faire surgir chez lui des comportements antisociaux. Il peut également créer chez lui des sentiments hostiles à l’école, aux enseignants, à ses parents et même à ses camarades de classe, anciens ou nouveaux.

Tous ces phénomènes font que les enfants qui redoublent ont plus tendance que les autres à multiplier les jours d’absence et à déserter complètement l’école. Ainsi, ces élèves ont 20 à 50 % plus de chances d’abandonner leurs études secondaires, selon une étude de l’Université du Minnesota. Dans celle-ci, on peut notamment lire que “la plupart des études dans ce domaine suggèrent que le risque plus élevé d’abandon scolaire des étudiants ayant redoublé ne peut s’expliquer par leur piètre performance. Cela est directement imputable à l’expérience de répéter une année”.

Quelles alternatives au redoublement ?

Maintenant qu’il est établi qu’il n’apporte pas d’amélioration au niveau de l’élève et que, pire encore, il lui est nocif de nombreuses façons, il est intéressant d’envisager des alternatives plus douces et plus efficaces au redoublement.

Les spécialistes recommandent aujourd'hui une approche personnalisée avec les élèves en difficulté, une méthode basée sur l’observation et l’écoute ainsi que la coopération avec les parents et l’entourage du concerné.

Parmi les méthodes recommandées, il y a les stratégies d’apprentissage coopératif, l’utilisation de l’auto-évaluation ou encore, le développement de méthodes mnémotechniques pour l'assimilation et la mémorisation des notions importantes. Les cours de soutien scolaire à domicile sont aussi une alternative plus efficace que le redoublement.

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